mardi 29 octobre 2013

La vie d'Adèle, un message universel ?

La Vie d'Adèle, film d'Abdellatif Kechiche avec Léa Seydoux et Adèle Exarchopoulos, Palme d'Or à Cannes et sorti le 9 Octobre 2013 a touché beaucoup de monde. Ou ne l'a pas fait d'ailleurs. Ce n'est pas un film de l'entre deux: soit on l'aime, soit non. 



Je ne vais pas aborder dans cet article, les nombreuses polémiques qui ont précédé la sortie du film. Vous vous rappelez: critique violente faite par les techniciens des conditions de tournages, puis celle faites par les actrices, puis la réaction du réalisateur alors en promo aux USA. Il est vrai que ces polémiques ont peut être joué sur le film. Certains spectateurs sont peut être allés le voir uniquement après avoir entendu parler de ces fameuses histoires de "tournage horrible, presque inhumain". D'autres justement ne sont pas allé le voir pour ces mêmes raisons. Je me positionne entre les deux. Disons que j'ai été voir le film en connaissant les polémiques dont il avait fait l'oeuvre. Et il est vrai qu'on ne peut s'empêcher d'y penser. 

Mais pourtant, le film m'a touchée. Je me fous des scènes interminables de sexe qui pour certains tournent au ridicule. C'est un film universel. Peu importe l'homosexualité de l'histoire d'amour entre Adèle (Adèle Exarchopoulos) et Emma (Léa Seydoux), le film porte un message que l'on comprend tous. 


Je retiens le personnage d'Adèle, justement. C'est elle qui touche au coeur. C'est sa vie dont on parle. Mais justement, cette vie, c'est un peu la vie de chacun de nous. Plus ou moins bien sûr. Ne me lancez pas que Adèle est lesbienne et que du coup, les hétéros c'est pas pareil. Cela n'a rien à voir avec la sexualité. Cela a à voir avec l'apprentissage et grandir. 

Adèle a 15 ans au début du film et aux alentours de 25 à la fin. 10 ans de vie. Adèle enfant se cherche. Quand elle pleure, elle mange du chocolat pour se réconforter. Elle dort la bouche ouverte, un peu comme un bébé. Mais Adèle expérimente aussi. Elle teste. Se plante et blesse le garçon qui l'aime. Se dispute avec ses amies. Se frotte à des milieux qu'elle ne connaît pas. Se confronte aux différences sociales. Retombe amoureuse. Vraiment amoureuse. Se heurte à l'incompréhension des autres ou pas. Et finalement fait des erreurs, des choix qu'elle n'aurait peut être pas dû faire. Des choix qu'elle assume et d'autres qu'elle a du mal à vivre. Adèle fait du mal à ceux qu'elle aime mais se fait du mal à elle, aussi. Et se rend compte que parfois, aller de l'avant c'est compliqué. Mais elle apprend des choses: ce qu'elle veut, la vie à deux, découvre ce qu'elle ne connaît pas du monde. 

Adèle apprend que grandir, que l'âge adulte n'est pas si simple. Ce n'est pas forcément le gâteau au chocolat enroulé de rubans, le cadeau qu'on nous présente. L'âge adulte fait mal. Aller de l'avant fait mal. Mais Adèle y arrive. 

Finalement, Adèle c'est chacun de nous. C'est soi dans ses quêtes, ses déceptions et ses angoisses, sa recherche de soi et ses erreurs. L'apprentissage de la vie prend du temps mais finalement on y arrive. Abdellatif Kechiche nous a tout dit. 


La Vie d'Adèle est adapté de la BD " Le bleu est une couleur chaude" de Julie Maroh et c'est important de le préciser.

lundi 21 octobre 2013

Le tueur n'est pas américain.

Il y a deux semaines, je suis tombée purement par hasard avec mon frère sur une nouvelle série danoise. Enfin, nouvelle chez nous, puisqu'elle est sortie il y a deux ans au Danemark. Les danois, comme tous les nordiques, sont très fort dans l'univers du polar. Je n'ai pas vu la série phare "The Killing" mais je compte un jour m'y mettre puisque la série dont je vous parle m'en donne envie. 


"Den som draeber", en français "Traque en série" est une série de 12 épisodes diffusée sur Arte. Mon frère et moi n'ayant rien de spécial à faire ce fameux soir, on a décidé de regarder. Grand bien nous en a pris puisque la série commence fort. 
Elle tourne autour du duo Katrine Ries Jensen, enquêtrice et de Thomas Schaeffer, profiler. Les épisodes vont toujours par deux car c'est sur ce temps que se résout l'enquête. Le spectateur connaît le tueur assez rapidement...et c'est ce qui fait tout le suspens. Je sais, c'est un système rebattu mais il faut reconnaître qu'une fois encore ça fonctionne. Le premier épisode se concentre sur un tueur en série qui enterre ses victimes les bras croisés....après les avoir enfermées vivantes dans un caisson pendant une quinzaine de jour. Autant vous dire que vous êtes rapidement plongés dans une ambiance plutôt glauque. 

La série est filmée près des corps et des émotions du duo. Le tout sans couleur que ce soit dans les décors ou les costumes. Tout n'est que gris bitume, noir et blanc neigeux. De temps en temps une touche de jaune, rouge ou doré. Une ambiance photographique asceptisée, propice au suspens, peu voire pas de musique.  

Les acteurs, Laura Bach et Jakob Cedergren sont parfaitement convaincants dans leur rôle respectif: la jeune enquêtrice à fleur de peau, solide, qui ne mâche pas ses mots et le profiler flegmatique, extrêmement talentueux mais qui n'hésite pas à employer des méthodes dangereuses voire peu humaines pour conclure une enquête. Tous les autres acteurs sont convaincants, particulièrement les tueurs dans leur côté pathétique ou ultra violent. 

Je reproche juste à la série un petit point: on a parfois un peu l'impression que les indices ou les découvertes psychologiques tombent du ciel mais cela ne nuit pas à la qualité de l'intrigue. 
D'ailleurs, contrairement à beaucoup de séries américaines ou autres, on ne connaît finalement pas la raison pour laquelle le tueur tue. Enfin, on le devine tout au long de l'enquête de par les dialogues et les situations. Mais ce n'est pas clairement expliqué. Le tueur n'avoue pas. Les enquêteurs ne disent pas "il tue parce qu'il a peur." Cela stimule l'imagination du spectateur, en tout cas la mienne et intrigue, interroge. 

Les critiques reprochent à "Traque en série" de ne pas être à la hauteur de "The Killing", je laisse le soin à vous, mes lecteurs, de vous faire votre opinion. 


Den som draeber, tous les vendredis à 20h50 sur Arte